La Trichomonose

La Trichomonose Aviaire : Gestion de Trichomonas gallinae et Trichomonas columbae en Élevage


Par Denis Vandesande, LI740, éleveur de noir opale ivoire rouge naturel

La trichomonose, communément appelée « chancre » ou « rouget », est l’une des maladies parasitaires les plus dévastatrices dans le domaine de l’élevage aviaire. Les éleveurs d’ oiseaux de volière doivent faire face à cette menace invisible. Bien que souvent regroupés sous le nom générique de Trichomonas gallinae, d’autres espèces comme Trichomonas columbae sont également impliquées dans la pathologie. Voici les informations essentielles pour identifier, traiter et prévenir ces infections.
1. Agents Pathogènes : T. gallinae et T. columbae
Pendant longtemps, il a été supposé qu’une seule espèce, Trichomonas gallinae, était responsable de la trichomonose chez les oiseaux. Cependant, des études génétiques récentes ont montré une diversité d’espèces au sein du genre Trichomonas affectant les oiseaux.
Trichomonas gallinae : C’est l’espèce la plus connue et la plus étudiée. Elle est considérée comme l’agent pathogène principal de la trichomonose aviaire, capable de provoquer des lésions graves. Il existe différentes souches ou lignées (génotypes A et B, par exemple), dont certaines sont plus virulentes ou résistantes aux traitements que d’autres.
Trichomonas columbae : Bien que certains documents l’utilisent comme synonyme de T. gallinae, d’autres sources la reconnaissent comme une espèce distincte ou comme un nom commun désignant les souches affectant spécifiquement les pigeons (Columba livia).
En pratique pour l’éleveur : Les symptômes et le traitement sont identiques pour les infections causées par ces deux espèces ou lignées. La distinction est principalement d’ordre scientifique. Les deux parasites partagent les mêmes caractéristiques biologiques : ce sont des protozoaires flagellés unicellulaires, sans stade de kyste résistant dans l’environnement.
2. Transmission : Un Défi de Biosécurité
Le mode de vie du parasite, qui ne survit pas longtemps hors de l’hôte, dicte les méthodes de transmission :
Transmission verticale (Parent-Oisillon) : Le principal vecteur chez les colombidés. Les adultes porteurs (souvent asymptomatiques) transmettent le parasite à leurs jeunes via le jabot lors du nourrissage.
Contact direct (Bec à bec) : Les interactions sociales, les accouplements et les combats sont des moments de transmission privilégiés.
Contamination de l’eau et des aliments : Le parasite peut survivre quelques minutes à quelques heures dans l’eau ou la nourriture contaminée par la salive ou les régurgitations d’oiseaux infectés.
 
 
 
3. Symptômes et Signes Cliniques
La maladie se manifeste principalement dans le tube digestif supérieur (bouche, gorge, jabot, œsophage).
Lésions caractéristiques : Apparition de gonflement autour des yeux, gonflement du cou avec apparition d’un « goitre », formation de dépôts jaunâtres, blanchâtres sur les muqueuses. Ces lésions peuvent s’étendre et obstruer la gorge et l’œsophage.
Signes comportementaux :
Difficulté à avaler (dysphagie) ou à respirer (dyspnée).
Bave excessive ou écoulements autour du bec.
Régurgitation de nourriture ou d’eau.
Perte d’appétit, amaigrissement rapide, abattement.
Plumage ébouriffé et léthargie générale.
Les jeunes oiseaux sont les plus touchés par les souches virulentes et peuvent périr rapidement par inanition ou étouffement.
4. Diagnostic et Traitement
Diagnostic
Le diagnostic rapide est essentiel. L’éleveur doit consulter un vétérinaire aviaire qui effectuera un prélèvement par écouvillonnage de la gorge ou du jabot. L’examen au microscope d’un échantillon frais (montage humide) permet d’observer les parasites mobiles.
Traitement
Le traitement doit être administré sur prescription vétérinaire.
Médicaments : Le dimétridazole (Alazol), le carnidazole (Spartrix) ou le ronidazole sont les substances actives les plus utilisées.
Schéma thérapeutique : Le traitement de tous les oiseaux de l’élevage est souvent nécessaire, même ceux qui semblent sains (porteurs asymptomatiques), pour éradiquer la source d’infection. Des traitements préventifs réguliers peuvent être mis en place dans les élevages à risque, en suivant scrupuleusement les indications vétérinaires pour éviter les résistances.
5. Prévention et Gestion Sanitaire
La clé du succès en élevage réside dans la prévention :
Hygiène rigoureuse : Nettoyage et désinfection quotidiens des abreuvoirs, mangeoires et nids. Utiliser des désinfectants efficaces (comme une solution diluée d’eau de Javel, suivie d’un rinçage abondant).
Contrôle de l’eau : Fournir de l’eau fraîche et propre en permanence. Éviter l’eau stagnante.
Quarantaine stricte : Isoler tout nouvel oiseau pendant une période d’observation et de dépistage avant de l’introduire dans l’élevage principal.
Gestion des oiseaux sauvages : Empêcher les oiseaux sauvages (pigeons, tourterelles) d’accéder aux zones d’élevage, mangeoires et points d’eau partagés.
Surveillance constante : Une observation quotidienne permet de détecter les signes précoces d’infection et d’isoler immédiatement les oiseaux malades.
En suivant ces protocoles d’hygiène et de biosécurité, les éleveurs peuvent protéger efficacement leur cheptel contre les ravages de T. gallinae et T. columbae.